J'ai rangé mes toiles, mes pinceaux. Je laisserai ma palette propre. Les palettes des grands peintres, celles qu'on montre après leur mort, ressemblent toujours à l'assiette abandonnée par un amateur de camembert. J'épargnerai cet écoeurement à mes problématiques admirateurs. La pensée que je ne ferai jamais plus de peinture, au lieu de m'attrister, m'a plutôt fait plaisir. J'ai trouvé un tube neuf de jaune de chrome. Je lui ai fait rendre gorge jusqu'à la dernière goutte, avec une sorte d'ivresse sadique : je me figurais étrangler la lumière.
Auteur:
Info: L'oeil du purgatoire
Commentaires: 0