Je croyais que mon âme m'avait quitté pour jouir des beautés du monde, de la lumière de la lune sur la crête orange d'un nuage, et de la goutte de rosée qui tremble au-dessus d'une rose. Mais quand j'étais petit je croyais toujours que la vie me réservait un événement sublime et beau. Cependant, à mesure que j'examinais la vie des autres hommes, je découvrais qu'ils vivaient dans l'ennui, comme s'ils avaient habité un pays toujours pluvieux où les filets de la pluie leur laissaient au fond des pupilles des cloisons d'eau déformant leur vision des choses. Et je compris que les âmes s'agitaient sur la terre comme les poissons prisonniers dans un aquarium. De l'autre côté des vitres verdâtres, il y avait la belle vie chantante et très haute où tout aurait été différent, multiple et fort, et où les êtres nouveaux d'une création plus parfaite auraient bondi avec leurs beaux corps dans une atmosphère élastique. Alors je me disais : "C'est inutile, je dois fuir la terre."
Auteur:
Info: Les Sept fous
Commentaires: 0