Pour moi, je ne doute pas que les premiers qui l'ont introduite n'aient eu en vue la multitude ; car, s'il était possible qu'un état ne fut composé que de gens sages, peut-être cette institution n'eût-elle pas été nécessaire ; mais, comme le peuple n'a nulle constance, qu'il est plein de passions déréglées, qu'il s'emporte sans raisons et jusqu'à la violence, il a fallu le retenir par la crainte de choses qu'il ne voyait pas et par tout cet attirail de fictions effrayantes. C'est dont avec grande raison que les anciens ont répandu parmi le peuple qu'il y avait des dieux, qu'il y avait des supplices à craindre dans les enfers, l'on a grand tort dans notre siècle de rejeter ces sentiments [...].
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Info: Histoire générale, IIe siècle av. J.-C., trad. Dom Thuillier, éd. Bibliothèque Historique et Militaire, 1856, vol. II, chap. VI, p. 634
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