Je voulais dessiner tranquillement, d'après nature, ce visage condamné à se décomposer très doucement et à se résorber dans le néant, ce visage qui semblait immobile et immuable, en fixer sur le papier les lignes essentielles, choisir ceux de ses traits qui m'avaient frappé. Un croquis, si sobre soit-il, doit éveiller une impression, avoir une âme. Moi qui m'étais accoutumé à exécuter des dessins de série sur des cuirs d'écritoire, je me voyais contraint de mettre mon intelligence en oeuvre pour exprimer mon idéal, c'est-à-dire pour rendre ce que mon imagination prêtait d'obsédant à sa physionomie.
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Info: La Chouette aveugle, p.52
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