La vérité est que j'ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéene* de l'homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes ses possibilités que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage. Mes pulsions, toujours simultanées et contradictoires, m'ont poussé sans cesse dans tous les sens, et je ne m'en suis tiré, je crois, du point de vue de l'équilibre psychique, que grâce à la sexualité et au roman, prodigieux moyen d'incarnations nouvelles. Je me suis toujours été un autre.
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Info: Dans Vie et mort d'Emile Ajar, rédigé quelques mois avant sa mort, au mois de mars 1979. *Qui peut changer de forme
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