Dans sa chambre, où il n'y a pas la moindre trace de son pays, de son passé, ni même de la saveur masochiste d'être un écrivain en exil, il fera l'amour avec les mots jusqu'au matin. D'ailleurs, depuis son arrivée dans cette ville, c'est la seule manière de le faire qu'il puisse pratiquer avec succès. Peut-être ne jouit-il pas, mais il ressent la joie passagère de l'union, de la fusion dans un corps familier. Il trouvera les mots à tâtons, ces vieux mots morts dont il n'a jamais plus besoin dans sa vie quotidienne. (...) Les mots turcs, comme des amantes fidèles, viendront à lui un par un, et sans établir de liens entre eux, sans s'ordonner pour former des phrases, indifférents les uns aux autres, chacun à son affaire, ils couleront en lui goutte à goutte dans la simplicité de la lumière du jour.
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Info: Le Dernier Tramway
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