perdu

Assis là sur la bruyère, sur notre grain planétaire, je me rétrécissais face à ces abysses qui s'ouvraient de tous côtés, et vers l'avenir. L'obscurité silencieuse, l'inconnu sans relief, étaient plus effrayants que toutes les terreurs que l'imagination avait rassemblées. Regardant attentivement, l'esprit ne pouvait rien entrevoir de sûr, rien dans toute l'expérience humaine qui puisse être pris pour certain, sauf l'incertitude elle-même; rien sauf une obscurité sexuée par une brume épaisse de théories. La science de l'homme était un simple brouillard de chiffres; sa philosophie un brouillard de mots. Sa perception même de ce grain rocailleux et de toutes ses merveilles que décalages et apparitions mensongères. Même soi-même, ce semblant de point central, n'était qu'un simple fantôme, si trompeur, que le plus honnête des hommes doit remettre en question sa propre honnêteté, si peu substantielle qu'il doit aussi douter de son existence même.

Auteur: Stapledon William Olaf

Info: Star Maker

[ introspection ]

 

Commentaires: 0

Commentaires

No comments