acceptation

Elle n'a qu'un mot à dire : " oui ". Ce simple petit mot que Paul [son père] lui a si souvent répété durant son enfance. Car c'est si facile de dire "oui". Même si l'on sait que la réponse est " non ". Les "non" sont d'affreux trolls au nez crochu qui coupent la langue des parents et font pleurer les enfants. C'est la porte ouverte aux disputes, aux tensions, aux longues soirées conflictuelles. Il faut ensuite discuter, expliquer la raison de son refus, tenter de détourner l'attention sur autre chose, une chose que l'on peut promettre et qui a autant de valeur que celle pour laquelle on a dit "non". C'est fatigant. Ça demande une énergie folle, ça fait perdre du temps. Tandis qu'avec un " oui ", tout est plus simple. On verra plus tard. On dit " oui " et après on oublie. Sauf que l'enfant, lui, n'oublie pas. Il retient le "oui" dans sa petite caboche de bois, bien attaché aux chaînes de son désir, il s'y accroche de toutes ses forces et ensuite il le ressert tout frais menu, sur un beau plateau d'exigences légitimes. Marion n'a jamais su si elle serait une bonne mère, si elle avait les compétences adéquates pour élever un enfant et lui offrir une bonne éducation. Mais ce dont elle a toujours été certaine, c'est que jamais, au grand jamais, elle ne commettrait les mêmes erreurs que son père : promettre sans savoir si elle serait capable de tenir sa parole.

Auteur: Abel Barbara

Info: Un bel âge pour mourir, p. 304

[ céder ] [ refus ] [ gage de tranquillité ] [ éducation ]

 

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