Ne pensons-nous pas que la composition, qui est une harmonie des mots innés chez les humains et qui touchent l’âme elle-même et non pas seulement l’ouïe ; harmonie qui met en branle des formes variées de noms, de pensées, d’actions, de beauté, de mélodie, – toutes choses qui croissent et naissent avec nous – , qui, par le mélange et la multiplicité des formes de ses propres sons introduit dans les âmes des proches la passion qui est présente chez celui qui parle ; qui la fait toujours partager à l’auditoire ; qui ajuste la grandeur à la gradation des expressions ; ne pensons-nous pas, dis-je, que par ces moyens mêmes la composition séduit et, en même temps, nous dispose sans cesse à la grandeur, à la dignité, au sublime, et à tout ce qu’elle contient elle-même, elle qui règne absolument sur notre pensée ?
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Info: Du sublime, XXXIX, 3
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