- Tout le monde épilogue sur l'amour, en discute, en juge, décide que telle et telle personne sont faites pour s'aimer. Les écrivains dissertent sur l'amour, leurs lecteurs organisent des conférences avec débats pour savoir si tel héros est digne de telle héroïne ou elle de lui, lequel des deux est le meilleur, le plus noble, le plus conscient, lequel est le mieux adapté à l'ère du communisme. Entre-temps, chacun de nous, seul dans son coin, n'est toujours pas fichu de vous dire ce que c'est que l'amour ! Et plus j'y pense, plus je me persuade que la part de qualités comme l'intelligence, le talent, le sens de l'honneur et ainsi de suite, est bien minime et que l'essentiel réside ailleurs, dans quelque chose qu'on ne sait pas exprimer et qu'on est totalement incapable de comprendre. Ce n'est pas la peine d'aller bien loin, tenez, je connais un type, crétin, ivrogne, insolent, sans conscience et sans honneur. Eh bien, le croirez-vous ? Les femmes en sont folles, et des femmes intelligentes, cultivées ! Il le sait, il en profite pour les taper, se soûler, les traiter comme un goujat et les faire pleurer d'humiliation, je l'ai vu de mes propres yeux. Pourquoi, je vous le demande ? - Il y a sans doute quelque chose que vous ne voyez pas, mais que ces femmes voient, répondit Gusta avec sérieux. - Vous croyez ?
Auteur:
Info: La belle Vie, L'ÎLE
Commentaires: 0