La prise de parole par Socrate [dans le Banquet] introduit une coupure. Les discours précédents décrivent l’amour comme plénitude, c’est-à-dire ce que l’on attribue à l’éromène* et non à l’éraste*, en tant qu’aimer, c’est vouloir être aimé et aimable. Ils sont beaux, vrais et bons, et en cela même ils sont de l’ordre de l’opinion, du mythe et de la fiction. Socrate vise autre chose : le savoir (épistémé), soit ce qui rend raison du dire vrai, beau et bon. Or, avoir l’érôs du savoir, c’est ne pas savoir ; car, érôs est manque. Il n’est donc pas parfait, il est "coupe vide", manque de ce qu’on n’a pas, désir (épithumia). Pas de savoir de l’érôs, sans érôs du savoir, sans nescience. Socrate se tait donc au point même où il ne sait pas, et il laisse parler Diotime par sa bouche, là où lui manque le savoir du désir.
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Info: Dans "Pour lire Jacques Lacan", page 119. *Dans la Grèce classique l'éromène est un adolescent engagé dans un couple pédérastique avec un homme adulte, appelé "éraste".
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