En d'autres termes, si je m'en tiens à la fiction, le romancier ne se contente pas de nous faire voir, mais souvent nous fait voir ce que personne ne pourrait voir, à moins d'être justement un voyeur.(...) on ne peut nier que la représentation d'un fait aussi privé que le rapport sexuel relève du voyeurisme. Et cela pour la bonne raison qu'on ne fait pas l'amour en public et que, par là, quand le romancier nous décrit deux personnages en train de s'accoupler, en réalité il regarde et nous fait regarder par un imaginaire trou de serrure. Ce voyeurisme du narrateur est souvent redoublé par le voyeurisme d'un personnage scoptophile, comme, par exemple, dans la scène bien connue de Proust où le baron de Charlus est espionné par le narrateur tandis qu'il fait l'amour avec le "giletier" Jupien.
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Info: L'homme qui regarde
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