Eût-il été seulement un théologien passionné, Occam ne nous aurait laissé qu’un brillant exemple de théologisme, mais il était en même temps un fin logicien et un philosophe lucide, dont l’esprit ne concevait pas une philosophie en décalage avec sa théologie. De fait, en plus de cela, il fut ce grand propagandiste dont les doctrines politiques, profondément ancrée dans sa théologie, devaient faire trembler les hautes structures de la Chrétienté médiévale. Comme philosophe, cependant, ce fut le privilège d’Occam que de relâcher dans le monde ce que je pense être le premier cas connu d’une nouvelle maladie intellectuelle. On ne saurait la décrire comme un scepticisme, puisqu’elle va souvent de pair avec une dévotion sans réserve à la promotion du savoir scientifique. Le positivisme ne serait pas un meilleur nom, puisqu’elle est principalement faite de négations. Il serait plus satisfaisant de l'appeler empirisme radical, si son problème principal n’était pas précisément de ne pas rechercher dans l’expérience ce qui rend l’expérience elle-même possible. Puisque cette maladie contagieuse est particulièrement commune chez les scientifiques d’aujourd’hui, on pourrait être tenté de la nommer “scientisme”, si nous oubliions le fait que sa première conséquence est de détruire, avec la rationalité de la science, sa possibilité elle-même.
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Info: The Unity of Philosophical Experience (1950), p. 86
Commentaires: 3
miguel
15.07.2019
grazie... en bref tenter de faire court, pertinent et général pour la catég... et se lâcher sur les tags.... Ce qui est amusant - pour moi en tout cas - c'est que ça force au recul dans la réflexion... T'as toujours pas été avertie par mail, ni par signe sur FLP de ma réponse ici ? C'est pour être VRAIMENT sûr ;-) chuis pas particulièrement savant ni autre... g un peu d'expérience... je lis moins... (jeune je lisais au km comme un mort de faim) et avec bcp plus d'attention. Parmi les raisons qui me font souvent relire... et relire... c'est d'aller à l'essentiel (because of tags/catég of course) et par conséquent je me trouve souvent à relever des trucs si ampoulés que ça me fait sauter au plafond. Pour ça que j'adore traduire, ça permet de conserver le sens, en tentant d'user du plus petit nb de mots.... Ceci étant nous lisons différemment, focales de génération, éducation, etc... et ça c'est un plus... je t'en remercie à nouveau... N'hésite jamais à me parler cash bien sûr...
Coli Masson
15.07.2019
Dakodak. J'ai suspendu mon jugement concernant certaines parties de ce texte car je ne suis point assez savante... laissant à d'autres (comme ti) le courage d'argumenter pour ou contre... bien ravie ici d'avoir un point de vue qui débusque un enfumage, car enfin, quand on va de réflexivité en réflexivité, on s'y perd. Ok pour l'étiquetage, je fais au feeling, comme tu me l'as conseillé, mais je tendrais à lui couper courtes les pattes de temps à autre.
miguel
14.07.2019
"Il serait plus satisfaisant de l'appeler empirisme radical, si son problème principal n’était pas précisément de ne pas rechercher dans l’expérience ce qui rend l’expérience elle-même possible." Pour moi ce genre de phrase c'est du n'importe quoi, inutile, superfétatoire... Pourquoi foutre ici pareille "Quête ontologique qui ne se fait pas" ? Sauf à ce que tu m'expliques. On est vraiment dans l'enflure dénoncée par Broyard. Me fait penser à une autre Gilson, Jeff, considérable pisse-vinaigre, théoricien du jazz, qui confondait "architectures sonores vivantes" avec nombres abstraits... Je profite aussi ici, vu que g ton attention, pour reparler d'un serpent de mer qui ne mourra jamais... ;-) l'étiquetage. J'aime beaucoup comment tu le fais, avec cette petite réserve, déjà évoquée, sur la longueur, ou la complexité des étiquettes, surtout pour les catégs... Bref comme tu le vois je suis allé dans ce sens ici... Sans vouloir te froisser.