La vie est un immense bazar où les bourgeois pénètrent, circulent, se servent... et sortent sans payer... les pauvres seuls payent... la petit sonnette du tiroir-caisse... c'est leur émotion... Les bourgeois, les enfants petits bourgeois, n'ont jamais eu besoin de passer à la caisse... Ils n'ont jamais eu d'émotions... D'émotion directe, d'angoisse directe, de poésie directe, infligée dès les premières années par la condition de pauvre sur la terre... Ils n'ont jamais éprouvé que des émotions lycéennes, des émotions livresques ou familiales et puis plus tard, des émotions "distinguées"... voire "artistiques"... Tout ce qu'ils élaborent par la suite, au cours de leurs "œuvres" ne peut être que le rafistolage d'emprunts, de choses vues à travers un pare-brise... un pare-choc ou simplement volées au tréfonds des bibliothèques... traduites, arrangées, trafiquées du grec, des moutures classiques. Jamais, absolument jamais, d'humanité directe. Des phonos. Ils sont châtrés de toute émotion directe, voués aux infinis bavardages dès les premières heures de l'enfance...
Auteur:
Info: Dans "Bagatelles pour un massacre"
Commentaires: 0