patronyme

Baudelaire est le nom d’une ouverture sobre, d’une passe, d’un passage à travers l’épaisseur du 19e. Sans lui, nous n’aurions pas de nom pour désigner l’autre côté de la dixneuviémité, son extériorité bizarre et sa conjuration sans cesse répétée dans l’ironie et la solitude. Ça doit d’ailleurs être la raison pour laquelle on a commencé par le déformer, ce nom, quand il est apparu dans les journaux, les médias de ce temps-là. En lui mettant un e pour faire plus beau. Or, le nom de Baudelaire vient de l’ancien français badelaire qui désigne une épée à deux tranchants (voir Rabelais dans le prologue du Tiers Livre de Pantagruel : les Corinthiens occupés à "affiler cimeterres, brancs d’acier, badelaires"). En écrivant Beau, on retire les tranchants. On émousse le fil, les choses rentrent dans l’ordre. Dans le tas. Les Fleurs du Mal redeviennent de la botanique poétique.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", page 208

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