Un bûch'ron absorbé par le spectacle poussa alors du coude celui qui se tenait à côté de lui. Les deux créatures, deux hommes, échangèrent un sourire. Un sourire de connivence. Nat comprit en voyant l'expression de leur visage. Les yeux de "tous" les bûch'rons brillaient d'une joie secrète.
"Qu'est-ce qui se passe, ici ?"
"Nat, mon Dieu, lança Jim Planck à côté de lui. C'est ça qu'ils attendaient. "
"C'est vrai, réalisa Nat avec un frisson de terreur. La vacuité, la sombre apathie : elles avaient disparu. Les bûch'rons qui observaient le petit écran et écoutaient le présentateur excité semblaient parfaitement éveillés. Qu'est-ce que ça veut dire pour eux ? se demanda-t-il en étudiant leur visage ému, impatient. C'est leur seconde chance. Une nouvelle occasion.
Nous sommes en train de nous autodétruire devant eux. Et... ça devrait leur laisser une place dans laquelle se glisser. De la place, ne plus être claquemurés dans cette minuscule enclave lugubre, aller de par le monde. Partout.
Les bûch'rons continuaient à regarder en se lançant des sourires complices. Et ils écoutaient.
La terreur de Nat redoubla.
Auteur:
Info: In "Simulacres", éd. J'ai Lu, p. 245-246
Commentaires: 2
miguel
19.03.2020
c'est allemand évidemment... mais lorsqu'un terme étranger correspond à une situation en un mot ( il est donc toujours aussi dans la catégorie "intraduisible") nous l'utilisons, bytie (russe) est un bon exemple. FLP essaye aussi d'être un outil de désambiguïsation.
Benslama
19.03.2020
J'aime bien "schadenfreude" - mais est-ce vraiment un terme français ? Je l'ai rencontré en anglais, mais je n'en ai pas de souvenir en français...