appel

Je n'ai plus envie de commencer. C'est impossible. Il n'y a rien à dire, rien. Pourquoi ne pas m'enfoncer la tête dans ce maquis de ténèbres ? Peut-être le sommeil existe-t-il. Peut-être l'art féminin de manipuler les rêves ne s'est-il pas perdu. Qu'en penses-tu, toi ? Car, enfin, nous devons parler, tu ne crois pas ? Ou, en tous cas, moi, je dois parler ; mais je ne veux pas ; et je ne peux pas non plus. Je ne transgresse pas d'interdit, je ne crains pas les équivoques, mais parler est horrible. Parce que je sais que, tout le long de la distance qui nous sépare, il n'y a personne à qui tu aies fait le don de la parole. Donc nous deux seuls - comme j'aime cette impiété : dire "nous deux" -, nous deux seuls pouvons parler. Est-ce toi qui, un jour, une nuit, fus le premier à parler ? Tu m'amuses.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: "Le Jeu", in "La Nuit", éd. Le Promeneur, p. 59 - trad. D. Férault

[ désespoir ] [ 2e personne du singulier ] [ impuissance ]

 

Commentaires: 3

Ajouté à la BD par Benslama

Commentaires

miguel, admin@admin.com
2020-04-10 03:42
intéressant
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2020-04-10 03:51
La suite du texte ne l'est pas moins... mais on ne peut pas tout extraire - puisse le début donner envie de lire le reste...
miguel, admin@admin.com
2020-04-10 04:05
sûrement... je disait surtout "intéressant" de par son mystère... et donc son étiquetage.... donc à la réflexion, cet extrait devrait être éventuellement complété, afin de mieux situer les choses : est-ce un soliloque, est-il avec quelqu'un, si oui qui ? etc...