Bridie ! Bridie Kelly ! Jamais il n'oubliera ce nom, toujours il se souviendra de cette nuit, cette première nuit, la nuit nuptiale. Ils sont enlacés dans l'abîme de l'ombre, le sacrificateur et sa victime, et dans un instant (fiat!) la lumière inondera le monde. Les coeurs palpitaient-ils à l'unisson ? Non, aimable lectrice. Dans un souffle tout fut consommé, mais arrête ! Arrière ! Cela ne se peut ! De terreur elle fuit, la pauvre enfant, dans l'ombre. Elle est l'épouse des ténèbres, une fille de la nuit. Elle ne saurait porter l'enfant vermeil du jour. Non, Léopold ! Ni le nom, ni le souvenir ne t'apaisent. Elle t'a quitté, cette illusion de ta jeune force, et sans fruit. Tu n'as à ton côté nul fils né de toi. Personne qui maintenant soit pour Léopold ce que Léopold fut pour Rodolphe.
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Info: In "Ulysse", t. 2, Gallimard-folio, p. 106 - trad. Auguste Morel
Commentaires: 4
Benslama
13.04.2020
Non, je ne vois aucune impossibilité à lire Ulysses (avec le "s" qui signale qu'il s'agit du titre anglais) - si ce n'est, éventuellement, le manque de temps, car, comme dit ma "chef", on ne connaît pas le jour ni l'heure...
Coli Masson
13.04.2020
Et vous avez peur que l'impossible ne touche une fois de plus Joyce avec l'original d'Ulysse ?
Benslama
12.04.2020
Je l'ai lu, dans ma jeunesse - un but de ma vie, que j'espère encore atteindre, est de le lire dans l'original (le volume est sur l'étagère, une édition Penguin, encore peu ouvert, à côté des deux tomes gallimard-folio assez usés, ayant été pas mal trimballés...) (en fait, comme je l'ai avoué à miguel dans un échange de commentaires, mon but ultime, pendant longtemps, a été de lire Finnegan's Wake - mais j'ai fini par comprendre que c'est impossible)