Cela me navrait : je m'étais armé pour défendre l'humanité contre des dangers terribles et tout le monde m'assurait qu'elle s'acheminait doucement vers la perfection. Grand-père m'avait élevé dans le respect de la démocratie bourgeoise : pour elle, j'aurais dégainé ma plume volontiers ; mais sous la présidence de Fallières le paysan votait : que demander de plus ? Et que fait un républicain s'il a le bonheur de vivre en république ? Il se tourne les pouces ou bien il enseigne le grec et décrit les monuments d'Aurillac à ses moments perdus.
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Info: In "Les Mots", éd. Gallimard, p. 147
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