Quand je prenais un livre, j'avais beau l'ouvrir et le fermer vingt fois, je voyais bien qu'il ne s'altérait pas. Glissant sur cette substance incorruptible : le "texte", mon regard n'était qu'un minuscule accident de surface, il ne dérangeait rien, n'usait pas. Moi, par contre, passif, éphémère, j'étais un moustique ébloui, traversé par les feux d'un phare.
Auteur:
Info: In "Les Mots", éd. Gallimard, p. 152
Commentaires: 2
miguel
17.04.2020
échelles est une bonne piste... Voire différence d'échelles... ça me fait aussi penser à la chaîne "Esprit : infime émergence du corps"... mais très vite fait et subjectivement
Benslama
17.04.2020
J'aurais aimé trouver une étiquette pour cet effet que je retrouve, après la citation de Cartarescu, dans laquelle il était minuscule face à une page gigantesque (curieusement le "géant", dans les deux cas, est le "texte"...) - comment nommer cet effet d'échelles, à la Gulliver, d'un nain face à un géant ?...