C'est le propre de Noël que d'imposer un rythme collectif, qui pourrait passer pour une vexation bénigne ; mais l'on attribue à ce rythme une vertu, comme l'on disait jadis, médicamenteuse ; Noël tente de s'offrir comme une gigantesque et universelle incantation, une fascination, je dirais même un sabbat pudique ; mais c'est précisément ici que s'opèrent les deux sortilèges : celui du sabbat, aussi désordonné et charmeur que déchirant, et celui de la pudicité ; une pudeur qui envahit l'obscénité du monde, comme une immortalité s'entremêlant aux tombes, quelque chose qui tient du maléfice dans sa furie, et du miracle dans son obscure gesticulation. Pestiférés, prêtres, fossoyeurs : nul autre dénouement n'est apparemment offert ; mais qu'il s'agisse d'une épidémie, cela ne fait aucun doute.
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Info: In "La crèche", éd. Trente-trois morceaux, p. 21
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