Certes, terrible est le sort de ceux que Dieu a destinés à de continuelles rencontres avec les yeux phosphorescents du Mal, et ce n'est pas tant des catholiques que nous voulons parler - leur Mal se trouve, en définitive, uniquement dans l'absence de plaisir -, mais des protestants, par exemple, qui y croient, et tantôt le pendent, tantôt lui coupent la tête, tantôt l'envoient brûler avec mille étincelles sur une très moderne chaise ; terrible est donc le destin de qui est placé par Dieu, ou par sa propre ambition (ceci n'est pas encore clair), en lutte continuelle avec la perversité. Mais as-tu jamais pensé, Lecteur, quel peut être le supplice de la Perversité et de la Méchanceté même, placée dans l'impossibilité, pour des raisons mathématiques, dirons-nous, de lutter avec soi, de fuir de soi, et qui, toujours, le jour et la nuit, doit supporter l'horreur de sa propre présence désespérée - cette présence étant soi-même ? Non, tu n'y as certes pas pensé.
Auteur:
Info: In "L'iguane", éd. Gallimard, p. 96-97 - trad. J.N. Schifano
Commentaires: 4
Coli Masson
24.04.2020
certainement pas moi :)
miguel
24.04.2020
Qui a dit que le théologue ne diffère du psy que par une réflexion qui ne s'est jamais présentée à lui ? kr kr kr
Coli Masson
23.04.2020
Non pas spécialement.... c'est plus théo que psy non ?