Une de mes voisines, au village,
Aime raconter qu'un matin de printemps,
Quand elle était jeune fille à la ferme,
Elle se conduisit comme une enfant.
Un jour elle demanda à son père
De lui donner un bout de jardin
Pour qu'elle sème, cultive et récolte elle-même,
Et elle l'obtint.
Prospectant alentour, il se souvint
D'une parcelle à l'abandon,
Entourée par le mur d'un ancien atelier,
Et il dit : "Bon."
Puis il dit : "Voilà qui devrait te faire,
Pour toi toute seule, une belle ferme,
Et te donnera l'occasion de rendre
Tes bras un peu plus fermes."
Il n'y avait pas assez de terrain
Pour passer la charrue, dit son père.
Aussi dut-elle tout faire à la main,
Mais elle ne s'en souciait guère.
Elle portait le fumier dans une brouette,
Le long d'une petite route,
Mais toujours elle partait, laissant
Ce chargement qui dégoûte,
Et se cachait de quiconque passait.
Puis elle demanda des semis.
Elle dit qu'elle pense qu'elle a planté
De chaque espèce, sauf l'ortie.
Un rang pour les pommes de terre,
Un pour les radis, les salades, les fraisiers,
Les tomates, les haricots, les citrouilles, le maïs,
Et même les arbres fruitiers.
Et, oui, elle a longtemps suspecté
Avoir aussi planté le pommier à cidre
Qu'on voit actuellement -
En tous cas, c'est possible.
Sa récolte fut un miscellanée,
Quand arriva la fin :
Un petit peu de tout,
Et beaucoup de rien.
Alors, quand elle voit, au village,
Comment vont les affaires,
Quand tout semble aller pour le mieux,
Elle dit : "Comme quand j'étais fermière,
Je sais bien !"
Oh, jamais pour donner un conseil -
Et elle ne commet jamais l'erreur, aux mêmes personnes,
De dire deux fois pareil.
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Info: Ma traduction (assez libre) du poème "A girl's garden", in "The collected poems", éd. Vintage, p. 110-111
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