Au cours de son adolescence et de sa prime jeunesse, José Bento venait souvent s'installer, le temps d'une saison, dans la maison Teixeira. Aurora avait un faible pour lui, malgré les mises en garde de sa soeur :
- Ne t'attache donc pas autant à ce garçon. Un jour, il tournera les talons et ne reviendra plus.
- Je sais. Amour d'enfant se garde comme l'eau dans un panier. Mais j'ai plaisir à m'occuper de lui et à le voir content.
Elle lui repassait ses chemises avec un soin extrême, en prenant garde de ne laisser ni faux plis ni boutons branlants. C'était une femme qui mettait sa sensualité dans de petits dévouements sans cesse recommencés, dans des insignifiances rituelles que jamais ne toucherait l'esprit de changement. Sa douceur cachait une bonne dose de cynisme obéissant, où tenait toute sa philosophie de l'espace sentimental ; son amour des concessions exprimait aussi une sorte d'égoïsme ignoré d'elle-même. Ces particularités faisaient d'Aurora une personne indispensable, mais non aimée.
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Info: In "Le confortable désespoir des femmes", éd. Métailié, p. 76 - trad. F. Debecker-Bardin
Commentaires: 3
miguel
28.04.2020
Mea culpa... C'est le Luis du prénom qui m'a trompé... Trop vite lu. Je mets quand même "femme" au singulier. Ce qui devrait plus souvent être le cas, petites imprécisions des débuts de Flp.
Benslama
28.04.2020
Parce que l'auteur est une femme... (mais ce n'est peut-être pas le sens de cette catégorie - je me suis posé la question...)
miguel
28.04.2020
pourquoi "par femmes"