exil

Et ce n'était pas la bouche mais la main de Capolino qui me faisait comprendre combien était encore incalculable le nombre de roseaux refusant de vouloir ressentir ce que ressentaient ces tunnels percés sous la frontière sonore, par où transitaient les serpentants souffles de voix pressées de m'avertir que je ne devais pas me réjouir trop vite en croyant pouvoir partir avec l'aveuglante impatience d'un solitaire déraciné volontaire, vers là-bas où je ne saurais jamais survivre sans accepter de souffrir la constante éventualité d'une absence et sans être forcé de jouir constamment d'une hallucinante et incertaine présence de la fabuleuse machine vivante dont je voyais se reformer et se déformer le visage chaque fois que je me perdais dans la contemplation de l'anse d'un ruisseau à la surface duquel le plongeon d'une autre grenouille dessinait à chaque fois un autre clin d'oeil.

Auteur: Lovay Jean-Marc

Info: In "Tout là-bas avec Capolino", éd. Zoé, p. 14-15

[ anticipation ] [ surréaliste ] [ nature ]

 

Commentaires: 3

Ajouté à la BD par Benslama

Commentaires

Benslama, karim.benslama@orange.fr
2020-04-30 05:21
Bon, c'est les délires habituels de Lovay - pas sûr que ça intéresse grand monde...
J'ai proposé l'étiquette "écriture" à cause du thème "bouche/main" au début, qui peut être lié à un thème "oral/écrit", qui serait alors repris ensuite par les voix, auxquelles semblent s'opposer les roseaux, que j'assimile à... des calames ! (ancien instruments servant à écrire, et formés de roseaux) - autant dire que c'est une interprétation personnelle - vous déciderez du sort de l'étiquette "écriture"...
miguel, admin@admin.com
2020-04-30 05:33
C super, vraiment, que vous laissiez la bride à vos interprétations persos...
Ce qui ravive quelques idées de développement potentiels, mais encore prématurés, pour FLP.
A tout hasard g pondu un petit délire pour m'amuser avec le futur de FLP - dernière ligne de la colonne mode d'emploi.
Benslama, karim.benslama@orange.fr
2020-05-01 01:33
Est-ce que ces "délires" prospectifs se trouvent à la fin de ce qui semble un véritable roman - une geste des origines ? (j'avais dû y jeter un oeil, quand je parcourais le site à la recherche d'informations sur son fonctionnement, mais j'avoue que je n'ai pas encore lu ce long récit...)