J'ai renoncé tous mes charmes
Et n'ai donc plus d'autres armes
Que ma pauvre humanité.
Vais-je ici rester confiné
Par vous, pourrai-je partir
Pour Naples ? Veuillez souffrir,
Mon duché m'étant restitué,
Le traître étant pardonné,
Que je quitte ce banc de sable
Et que vos mains secourables
Désenchevêtrent mes liens.
Faites à mes voiles le bien
De votre souffle, sinon
Mon projet ne fut rien de bon
Qui ne voulait que vous plaire.
Et il faut que je désespère,
N'ayant plus ni magie ni art
Si me manque aussi le rempart
De la prière qui prime
Sur la justice et rédime
Par le pardon toute offense.
Vous voulez, vous, cette indulgence
Pour vos propres fautes ? Soit !
Mais d'abord délivrez-moi.
Auteur:
Info: In "La tempête", éd. Folio-Théâtre, p. 352 - trad. Yves Bonnefoy
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