monotonie

Un beau matin, quelqu'un perd définitivement le goût, il a la sensation de ne plus avaler qu'une seule nourriture : une pâte éternellement semblable à elle-même, plus ou moins dure et digeste. Désillusion : un gigot bien grillé, arrosé d'une splendide sauce sombre, entouré de "ses haricots" au romarin et à la graisse de canard, aura exactement la consistance d'un menu d'hôpital. Mais cette absence de saveur finit à force par avoir un goût malgré elle : le goût incomparable de ce qui n'en a pas. On peut appliquer le programme à tout, si l'on est un peu mélancolique : aux villes, aux musées, aux êtres humains. Et si l'on est vraiment très mélancolique, on l'appliquera aux livres ; ils vous sembleront écrits par une seule personne - ils vous tomberont des mains.

Auteur: Cadiot Olivier

Info: In "Histoire de la littérature récente, tome II", éd. P.O.L., p. 144-145

[ dépression ] [ dégoût ] [ cuisine ] [ littérature ] [ déprime ]

 

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