Je songe au passant qui
Traverse sans hâte la rue.
Que de fois déjà il l’a vue !
Il ne la reverra plus.
Je pense à l’homme qui
Etend dans ses draps une femme.
La vieille chanson que la femme !
Mais c’est pour la dernière fois.
Je pense au poète vieilli.
Voyez : il écrit un poème.
En a-t-il écrit, des poèmes !
Mais celui-là c’est le dernier.
Je pense à l’homme qui
Eteint sa lampe et se couche.
Tant de fois il s’est endormi !
Mais cette fois c’est pour de bon.
Je pense, je pense, je pense
A la vie des éphémères
Qui meurent en ouvrant les yeux.
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Info: Dans "Poèmes retrouvés", septembre 1943
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