Où qu’elle jette le regard dans la gigantesque fabrique il y avait un spécimen particulier d’être vivant, immobile dans un espace à sa taille en train d’être traité. A y regarder avec attention, il y avait certaines espèces qu’elle ne reconnaissait pas. Des êtres pas morts mais figés. Avec une intense activité autour. Des robots insectoïdes tout ronds, suintant une musique moirée qui passait du vert au violet sans qu'on comprenne comment, s'occupaient de chaque corps. Elle comprit que les être bizarres procédaient au "réglage" de ce qui était pour eux des machines organiques vivantes. Les insectes arrondis aux reflets changeants introduisaient dans chaque modèle la quantité de stress-énergie correspondant à ses paramètres de vie : taille, type d'environnement, nombre de membres, etc... Avant de procéder à d'infinis réglages de manière à ce que le "prototype" soit adapté à son biotope. Elle comprenait très bien que chacun était vérifié et adapté un grand nombre de fois durant son existence. Alors elle réalisa qu’une voix lui expliquait tout. Non pas sa propre intelligence mais une parole, ou un son, elle ne savait… qui commentait les scènes comme dans un documentaire télé multidimensionnel. La voix expliquait que les êtres traités n’étaient que des "conditionnements momentanés", bouts d’âme convertis en matière avec autonomie afin de créer le réel dans lequel elle vivait. La voix expliqua aussi qu'Eva avait dû quitter le stade émotionnel parce qu'il le fallait pour pouvoir atteindre ce niveau de compréhension. Puis elle se vit elle-même, allongée dans la capsule jaune clair du MP qui l'avait tant de fois transportée d'un bout à l'autre de la planète. Sauf qu’elle était morte, comme placée dans un cercueil.
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Info: Trio B, tome 3 - août 2013
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