Je lui dis encore : "Tu es bien, habillée comme ça. Tu es déjà allée à Monticello ?"
Elle riait : "Tu ne sais pas l’heure qu’il est ? J’ai déjà mis l’eau pour la polenta.
- Aujourd’hui, polenta ?" que je lui fais, et je lui prends la main. Alors elle vient tout contre moi, pour que je l’enlace, et elle me regardait fixement, comme si sa bouche n’était pas à elle et qu’elle veuille voir comment je faisais pour l’embrasser.
Moi, les femmes, à ce moment-là, elles me font pitié. Je ne sais pas pourquoi, mais elles me font pitié. Gisèle comme les autres, je comprenais bien que si je lui avais dit "fous-moi la paix" elle m’aurait vite ri au nez et répondu du tac au tac. Mais elle aussi, on voyait bien qu’elle avait peur que je ne veuille plus d’elle.
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Info: Dans "Avant que le coq chante", Par chez nous, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, page 87
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