[…] Freud avait raison ; la vie est mauvaise, répressive, destructive… mais elle n’est pas si mauvaise, si répressive, si destructive que cela. Il y a aussi des aspects constructifs, productifs. La société n’est pas seulement ceci, mais aussi cela ; l’homme n’est pas seulement contre lui-même, mais aussi pour lui-même.
Ces distinctions sont sans signification et comme nous essaierons de le montrer, elles sont même fausses, à moins que la tâche suivante (que Freud choisit) soit accomplie : démontrer comment, sous le règne du principe de réalité, les deux "aspects" sont liés dans la dynamique instinctuelle elle-même, et comment l’un se transforme inévitablement en l’autre par la vertu de cette dynamique. Faute d’une telle démonstration, "l’amélioration" révisionniste de l’ "unilatéralité" freudienne constitue un rejet complet de ses conceptions théoriques fondamentales.
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Info: Dans "Eros et civilisation", trad. de l'anglais par Jean-Guy Nény et Boris Fraenkel, éditions de Minuit, Paris, 1963, page 217
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