Flannery O’Connor. La voilà, regardons-la sur la photo où elle apparaît en pied dans la torpeur du Sud américain. Elle a l’air d’osciller sur le perron, appuyée à ses béquilles comme sur deux élytres fragiles retournées. Elle vit encore, pas pour longtemps, un peu en oblique sur l’image, dans la poussière étouffante du coton. Milledgeville, Géorgie. Glycines. Lianes emmêlées. Marais. Champs de maïs. La plaie encore ouverte de la guerre de Sécession. Les Noirs, la brousse sombres, les Blancs racistes… Approchons-nous des dernières marches. La bouche stylisée en cœur. Les yeux brillés sur l’objectif. C’est un coléoptère extraordinaire, avec ses cannes mandibules branchues. Un lucane qui vient de tomber dans la chaleur d’une nuit d’été. Tout au bord de sa propre mort, on dirait la Parque inflexible du Sud qu’un Goya aurait fait le voyage pour lui tirer le portrait.
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Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 199
Commentaires: 7
Coli Masson
25.08.2020
J'ai longtemps crissé en silence... merci de m'avoir donné une piste d'expression :)
miguel
24.08.2020
ah, c bien, tu commence à crissouiller ;-)
Coli Masson
24.08.2020
ou les auteures crr crr crrr