Ce n'est plus de la composition, c'est de la décomposition. La musique de Debussy a la grâce d'une jolie poitrinaire, aux regards languissants, aux gestes anémiés et dont la perversité a le charme de ce qui est frappé de mort. Une symphonie, un morceau sont un organisme. L'organisme debussyste rappelle celui des méduses dont la substance translucide s'irise brillamment aux rais du soleil à fleur de vague, mais qui ne seront jamais que des protozoaires.
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Info: in "Rubriques nouvelles", 1909 - cité dans le "Dictionnaire de la Bêtise", éd. Robert Laffont, p. 114
Commentaires: 5
Coli Masson
24.09.2020
Ici, sur FLP, nous adorons les vacheries.
miguel
24.09.2020
L'écriture est sympa et fait un peu penser à Elie Faure... Il doit en exister d'autres du même tonneau
Benslama
24.09.2020
il faut reconnaître que la méduse est bien trouvée... - et avec le terme "protozoaire", qui désigne un être vivant de type originaire, il atteint peut-être une vérité, à savoir : il y a de la vie, dans la musique de Debussy - mon avis, c'est que Mortier, qui prétend voir les morceaux de musique comme des "organismes", les voit en fait comme des monuments architecturaux, et que ce flux vital, intangible, essentiel, qui parcourt les oeuvres de Debussy, lui était imperceptible !