honte du survivant

Je ne voudrais que l’oubli, rien d’autre. Je trouve injuste, presque indécent, d’avoir traversé dix-huit mois de Buchenwald sans une seule minute d’angoisse, sans un seul cauchemar, porté par une curiosité toujours renouvelée, soutenu par un appétit de vivre insatiable – quels que fussent, par ailleurs, la certitude de la mort, son expérience quotidienne, son vécu innommable et précieux-, pour me retrouver désormais, revenu de tout cela, mais en proie parfois à l’angoisse la plus nue, la plus insensée, puisque nourrie par la vie même, par la sérénité et les joies de la vie, autant que par le souvenir de la mort.

Auteur: Semprun Jorge

Info: L'Ecriture ou la vie

[ camp de concentration ]

 

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