théâtre

De l’union miraculeuse de ces deux principes – Apollon disciplinant formellement l’instinct de Dionysos, lequel garde le premier d’un ordre stérile – surgit la tragédie attique, "dernière grande parole grecque sur le divin" (Walter Friedrich Otto) ; Euripide et Socrate portent la responsabilité de leur divorce : le premier, "nature absolument antimusicale" (OT* 158), se vautra dans la psychologie, rejeta la polarité dionysiaque de la tragédie et délaissa héros, mythes et dieux au profit d’un très artificiel et bourgeois deus ex machina ; le second, l’ " homme théorique ", entreprit l’arasement du réel – de la vie – dans la logique en posant l’équation "raison = vertu = bonheur" (Cid 199) ; il ouvrit ainsi la voie aux diverses déclinaisons des dualités – bien/mal, esprit/corps, être/devoir-être, temps/éternité, ciel/terre, apparence/essence, noumène/phénomène, etc. – qui mèneront l’Occident sur la voie du nihilisme, récusation et dénigrement de la vie conçue comme unité ou harmonie tragique des contraires.

Auteur: Soulié Rémi

Info: Dans "Nietzsche ou la sagesse dionysiaque", éditions Point, 2014, pages 48-49 *Les Origines de la Tragédie

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