Ce qui frappe tous les auteurs de la "Revue scientifique" peut se résumer en une phrase : "nous ne somme pas le nombre que nous croyions être." On a beau parler d'hommes, de sociétés, de culture et d'objets, il y a partout des foules d'autres acteurs qui agissent, poursuivent des buts qui nous sont inconnus et se servent de nous pour prospérer. Nous avons beau inspecter l'eau pure, le lait, les mains, les tentures, les crachats, l'air que nous respirons, et ne rien voir de suspect, des milliards d'autres personnages passent et repassent en plus que nous ne voyons pas.
"Ignorant le danger du microbe qui nous guette, nous avons jusqu'ici arrangé notre train de vie sans tenir aucun compte de cet ennemi inconnu." (1892, 20.2°°, p.234, anonyme.)
Tout est dans cette phrase. Il n'y a pas que des rapports "sociaux", des rapports d'homme à homme. Les hommes ne sont pas "entre eux" dans la société, car partout les microbes inter-viennent et agissent.
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Info: in "Les microbes guerre et paix", éd. Métailié, p.41-42
Commentaires: 3
miguel
29.10.2020
Oui, ça peut être vu comme ça... Mais si vous lisez Margulis votre vision s'affinera probablement. J'aimerai avoir une définition plus précise d'"acteur au sens sémiotique" même si je me fais quelques idées, celle d'une mise en abyme déjà. Surtout si acteur sémiotique est pensé comme Peirce le faisait, le qualifiant de "secondéité". Suis en train de pondre un petit texte là-dessus pour FLP, toujours autour de cette marotte centrale "comment on classe le moins mal ? " pour parler trivialement
Benslama
29.10.2020
bon, avec ce nouveau confinement, on va avoir du temps pour lire ! ce titre, "l'univers bactériel", me fait soudain penser que Latour, dans sa recherche des acteurs de notre monde ("acteurs" au sens sémiotique, comme il dit), a peut-être dirigé son choix sur Pasteur et ses découvertes, pour la simple similitude qui existe en "acteurs" et "bactéries" !...
miguel
29.10.2020
Merci pour cet insert... IL faut lire, et relire, l'univers bactériel de Lynn Margulis