Un cours sur les goitres (goïteurs, en anglais), parce que je ne vois vraiment pas comment je pourrais renverser la tendance de trois mille ans de civilisation où d'abord on lapide les goitreux, ensuite on les met à l'isolement en les associant aux crétins, puis on les traite à l'hôpital. Touche autobiographique : j'habite dans les Alpes (basses - les Basses-Alpes) : d'où sensibilité accrue - ou cliché ? On a supprimé tous les goitreux ; en quinze ans, je n'en ai pas vu un seul (population non grata, pour le moins). À bien y réfléchir, je n'ai pas croisé un seul crétin non plus - ah si, une fois, un garçon volumineux avec une tête énorme ; il aura échappé à l'eugénisme (détendu, dans nos sociétés, un eugénisme décontracté). Il n'y a pas beaucoup de goitreux dans les livres. Il n'y a pas de chars nazis dans les corsos fleuris. Ça m'a frappée, hier, en assistant au défilé des chars alors que j'étais venue chercher dans la foule un goitreux échappé au carnage. Un cours est toujours une enquête.
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Info: "Cours sur les goitres", paru dans la revue "Nioques", n°11, p.137
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