Vous m’interrogiez sur sa sensibilité ou sur son ambition, etc. Voici un exemple : un jour, j’ai eu une discussion avec lui sur une question de théorie, et je lui ai dit que je ne pensais pas du tout comme lui. Alors il m’a répondu : "Mais si, ce doit être ainsi !" Et lorsque je lui ai demandé pourquoi, il s’est écrié : "Parce que, après tout, c’est moi qui l’ai pensé." Il pensait à quelque chose, et cette pensée le surprenait lui-même : alors, cela devait être vrai ! Carrément, ça ne pouvait qu’être vrai ! Et c’est ce qui m’a fait penser plus tard qu’au cours de sa vie émotionnelle – et il était très délicat et très sensible – il lui était arrivé d’être perturbé, gravement perturbé. Et qu’au départ ce n’était pas un penseur, pas du tout, il s’est mis à penser et à réfléchir dans un second temps, et encore avec difficulté.
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Info: A propos de Freud, Entretien avec Kurt Eissler, 29 août 1953.
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