J’étais dur et froid, j’étais un pont, j’étais tendu au-dessus d’un ravin. Mes orteils d’un côté, mes doigts crispés de l’autre, je m’étais encastré solidement dans l’argile croulante. Les pans de mon habit flottaient à mes côtés. Loin au-dessous grondait le torrent glacé. Aucun touriste ne s’égarait vers ces hauteurs inaccessibles ; le pont n’était encore mentionné sur aucune carte. Aussi je restais tendu et j’attendais ; je ne pouvais faire autre chose qu’attendre. À moins de tomber, aucun pont, une fois en place, ne peut cesser d’être un pont.
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Info: Récits posthumes, cité par André Breton dans son Anthologie de l'humour noir
Commentaires: 3
Plouin
19.02.2021
Je ne te le fais pas dire. La suite du conte, du rêve est à l’avenant
Coli Masson
19.02.2021
André Breton et moi n'avons pas la même vision de l'humour noir...
miguel
19.02.2021
merci bcp pour cet extrait... attention, pas de majuscules pour les tags/catégories