Romanenko aimait les listes. Elles lui permettaient de quantifier un univers de plus en plus réfractaire à la prévision. Etablir une liste confinait à une sorte d’art méconnu, une géomancie occulte et très particulière. Il ne s’agissait pas d’entasser pêle-mêle des informations disparates, mais bien au contraire d’y mettre de l’ordre, de procéder à une classification, à des classifications entrecroisées, d’y opérer des choix, d’y établir des liens secrets, d’y dessiner des diagrammes invisibles, et, grâce à cette mécanique de haute précision, de pouvoir mettre en relation deux faits anodins séparés par de nombreuses années, ou deux personnes distantes de plusieurs milliers de kilomètres.
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Info: Dans "Babylon babies", éditions Gallimard, 1999, page 68
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