Au même moment, un homme portant un sac à dos et un singe sur l'épaule gauche sonne à la porte cochère. C'est ce Maurice-là, qui a bien changé. Il est tout en sueur. Odile le reçoit, dans la cuisine. Il a su que sa femme était ici.
Il ne vient pas la chercher. Il voudrait avoir de ses nouvelles. Marie-Nadège va prévenir Madame Maurice qui s'est endormie dans la chambre de Gustave. Elle doit lui tapoter le dos pour la réveiller.
- Tu n'as pas changé de robe, dit ce Maurice-là à sa femme.
- Te voilà avec un singe, mon pauvre ami ? répond Madame Maurice.
- Ne vous disputez pas, dit Odile. Monsieur me parlait de son métier. Il va de villes en villes. Il écoute les gens.
- Mais pourquoi ce singe ?
- Si vous n'avez pas de singe, personne ne vous parle. Puis-je dormir ici?
- Non, ordonne Gustave, qui vient d'arriver. Je vous accompagne.
Le singe bat des mains. Les femmes ont le coeur serré de voir partir ce Maurice-là. Elles s'étaient habituées à lui. Quelques minutes suffisent. C'est pourquoi les arcs-en-ciel nous attristent.
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Info: in "La nonchalance", éd. Verdier, p. 49-50
Commentaires: 3
Benslama
25.03.2021
oui, je me doutais que ça poserait problème - je voulais aussi proposer, pour la fin : "fugacité" (?)
Coli Masson
25.03.2021
Sympa le petit truc de communication mais ça ne va pas être facile à mettre en place...
Benslama
25.03.2021
j'ai le regret de vous faire part de la disparition de Pierre Dumayet, en 2011