Interceptant mon regard, le type du fond agita sa main et me cria :
- C’ment que tu t’portes, Eddie ?
- Je ne suis pas Eddie, répliquai-je.
- Tu lui ressembles, dit-il.
- Je m’en tamponne.
- Ca ne va pas ?
- Impeccable. A présent, tu me lâches. Vu ?
Le barman revint avec ma commande, ramassa le fric que j’avais posé sur le comptoir, et me dit :
- Réflexion faite, je ne pense pas que vous soyez un type sympa.
- Qui t’a demandé de penser ? aboyai-je.
- Je pourrais très bien ne pas vous servir.
- Si mon argent te débecte, inutile d’y toucher !
- J’ai un mauvais feeling, je pressens le pire…
- Le pire ? Tu le veux sous quelle forme ? Vas-y, dis-le-moi.
- NE LE SERVEZ PLUS, gueula l’autre enviandé.
- Un mot de plus, toi, là-bas, et je te dérouille si salement qu’après tu pourras toujours jouer aux osselets avec tes belles quenottes.
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Info: Dans "Pulp", trad. Gérard Guégan, éd. Grasset & Fasquelle, 1995, pages 105-106
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