- Il ne faut pleurer sur aucune des choses qui arrivent aujourd’hui.
- Il ne faut pas pleurer ?
- Non, petite. Pas sur le sang qui est répandu aujourd’hui.
- Il ne faut pas pleurer à cause de l’offense ? Il ne faut pas pleurer de douleur ?
- Si nous pleurons, nous acceptons. Il ne faut pas accepter.
- Les hommes sont tués, et il ne faut pas pleurer ?
- Si nous les pleurons, nous les perdons. Il ne faut pas les perdre.
- Et il ne faut pas pleurer ?
- Bien sûr que non ! Que faisons-nous, si nous pleurons ? Nous rendons inutile tout ce qui a été.
Était-ce cela, pleurer ?
Rendre inutile tout ce qui avait été ? Et quoi encore ? Effacer le sang répandu ? Rendre inutile la douleur même ? Était-ce cela ?
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Info: Dans "Les hommes et les autres", éd. Gallimard, Paris, 1947, pages 121-122
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