Nous, nous ne pensons qu’aux offensés. Ô hommes, ô hommes !
A peine y a-t-il offense aussitôt nous sommes du côté de qui est offensé et nous disons que c'est l'homme. Voici l'homme. Des larmes ? Voici l'homme.
Et celui qui a offensé, qu’est-il ?
Nous ne pensons jamais que lui aussi soit l’homme. Que peut-il donc être d’autre ? Vraiment le loup ?
Nous disons aujourd’hui : c’est le fascisme. Même : le nazifascisme. Mais qu’est-ce que cela signifie que ce soit le fascisme ? Le fascisme, je voudrais le voir hors de l’homme. Que peut-il être ? Que peut-il faire ? Pourrait-il faire ce qu’il fait, s’il n’était pas en l’homme de pouvoir le faire ? Je voudrais voir Hitler et ses Allemands si, ce qu’ils font, il n’était pas en l’homme de pouvoir le faire. Je voudrais les voir en train de chercher à le faire. Leur ôter l’humaine possibilité de le faire et puis leur dire : Allons, faites-le. Que feraient-ils ?
Rien du tout, dit ma grand-mère.
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Info: Dans "Les hommes et les autres", trad. Michel Arnaud, éd. Gallimard, 1947, page 206
Commentaires: 2
Coli Masson
03.05.2021
Merci, c'est corrigé, j'ai remplacé "est offensé" par "a offensé".
Benslama
02.05.2021
n'y a-t-il pas une erreur de transcription, pour : "Et celui qui est offensé, qu'est-il ?" ? - il semble qu'à ce moment, l'auteur parle de l'offenseur, non ?