On commença à déceler de nouvelles formes de dépression chez les adolescents et certains sujets adultes ayant grandi avec les écrans, loin des Pueblos et des Guarani. Une détresse psychologique affectait désormais des individus à la vie ordinaire et équilibrée. Ils avaient souvent un chien ou une femme, parfois les deux. Ils étaient quelquefois propriétaires, cadres supérieurs, détenteurs d’un pavillon avec jardin ou d’un bac à douche avec porte coulissante. Ils aimaient la cuisine et le sexe, prendre des photos, faire des barbecues. C’était de bons citoyens sans histoires. Quant aux étudiants, ce n’était pas toujours les moins brillants ou les plus marginaux. Ils jouaient aux jeux vidéo, utilisaient des contraceptifs efficaces, faisaient des comas éthyliques. C’était des individus intégrés. Voilà qui fut un point marquant : la dépression ne sembla pas être la conséquence d’une perte de repères ou d’un déséquilibre profond. Du moins, elle n’en portait pas le nom. Toutes les personnes concernées par le mal en question étaient seulement d’inconditionnels utilisateurs du réseau ShowYou.
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Info: Dans "Enjoy", éditions Stock, 2012, pages 138-139
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