A bien y réfléchir, on rencontre quelque chose de très suisse chez cet écrivain [Robert Walser] : la pudeur. On raconte l'histoire suivante à propos d'Arnold Böcklin, de son fils Carlo et de Gottfried Keller : un jour, ils étaient, comme souvent, au cabaret. Leur table d'habitués était depuis très longtemps célèbre en raison du caractère taciturne et renfermé de ses buveurs. Cette fois encore, la tablée restait silencieuse. C'est alors, au bout d'un long moment, que le jeune Böcklin fit remarquer : "Fait chaud" ; un quart d'heure plus tard, le vieux renchérit : "Pas un souffle". Keller, de son côté, attendit un moment, puis se leva en disant : "Je ne boirai pas avec des bavards". La pudeur paysanne à l'égard du langage, ici poussée jusqu'à l'excentricité, c'est tout Walser.
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Info: Dans "Oeuvres", tome II
Commentaires: 4
Coli Masson
20.06.2021
prépare tes blagues pour la prochaine fois...
miguel
19.06.2021
les deux
Coli Masson
19.06.2021
Je m'en souviens d'une de ces blagues... et justement j'ai pensé à une fameuse que tu m'avais racontée à ce sujet en lisant ce passage. Mais je ne sais pas si c'est typiquement suisse ou spécifiquement paysan.