déprime

Le malheur rend Dieu absent pendant un temps, plus absent qu'un mort, plus absent que la lumière dans un cachot complètement ténébreux. Une sorte d'horreur submerge toute l'âme. Pendant cette absence il n'y a rien à aimer. Ce qui est terrible, c'est que si, dans ces ténèbres où il n'y a rien à aimer, l'âme cesse d'aimer, l'absence de Dieu devient définitive. Il faut que l'âme continue à aimer à vide, ou du moins à vouloir aimer, fût-ce avec une partie infinitésimale d'elle-même. Alors un jour Dieu vient se montrer lui-même à elle et lui révéler la beauté du monde, comme ce fut le cas pour Job. Mais si l'âme cesse d'aimer, elle tombe dès ici-bas dans quelque chose de presque équivalent à l'enfer.

Auteur: Weil Simone

Info: Attente de Dieu (1942), éd. Seuil, coll. "Livre de vie", 1977, p. 81

[ dépression ] [ espérance ]

 

Commentaires: 1

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

Commentaires

Coli Masson, colimasson@live.fr
2021-07-02 16:33
Le malheur et la déprime ne sont pas tout à fait pareils.
Le malheur dont parle Weil ici me semble plutôt frapper de l'extérieur. La déprime peut être sans raison apparente extérieure. Et une étiquette "espérance" pourrait être opportune ?