L’esprit dit historique ne perce pas le papier pour trouver de la chair et du sang ; il consiste en une subordination de la pensée au document. Or par la nature des choses, les documents émanent des puissants, des vainqueurs. Ainsi l’histoire n’est pas autre chose qu’une compilation des dépositions faites par les assassins relativement à leurs victimes et à eux-mêmes. Ce qu’on nomme le tribunal de l’histoire, informé de la sorte, ne saurait juger d’une autre manière que celui des Animaux malades de la peste.
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Info: L’enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, Paris: Gallimard, coll. Espoirs, 1949, p. 290
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