La liberté vis-à-vis des formes a toujours caractérisé l’art chrétien dès son origine, dès Ravenne et Sainte-Sophie. Et cet art dura mille ans, jusqu’à la fin du XIIIe siècle. On a coutume de le mépriser parce qu’on ne le comprend pas. On s’imagine avoir affaire à des barbares parce qu’ils ont tenu peu compte de l’influence de la brise sur les cheveux des jolies femmes, et de l’air des montagnes sur la sainteté, parce qu’ils ont préféré l’humanité à la féminité, parce qu’ils allaient droit à l’essentiel. Et l’essentiel en art est de manifester l’esprit par des moyens naturels en respectant la nature, mais par un choix manifestant la prééminence et l’excellence de l’esprit. D’où la préférence pour des moyens puissants, mais si peu "naturalistes", comme la mosaïque et le vitrail. […] Car il s’agit de suggérer tout autre chose que ce qu’on peut peindre, de l’infini avec du fini, la Divinité par un corps mortel, l’effacement de ce qui est irrémédiable, comme le péché, comme un amour qui traverse la mort.
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Info: Cahiers de la Maslacq, avril 1951
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