parler

La phrase dite a sombré dans le néant, le temps est passé, il n’y a pas de parole gelée qui puisse se faire réentendre. Le temps ne revient pas. La parole n’a aucune permanence. Et lorsque j’entends une phrase, je suis dans son présent, j’ai accroché, mémorisé, inscrit son commencement qui est, lui, passé, et par lui je plonge dans le passé, et je suis suspendu à la fin, j’attends ce complément qui éclairera tout le sens, je suis tendu vers ce futur porté par la parole. Il faut donc pour qu’il y ait parole qu’il y ait à la fois la durée, deux vivants, le parlant, l’écoutant, vivant dans la même durée, et le recueillement dans un triomphe sur l’abolition du passé. Ainsi la parole est essentiellement présence.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, page 28

[ énonciation ] [ temps ] [ évanescente ] [ hapax ] [ dialogue ] [ lecture ] [ contact-lien ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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